Abstract |
Durant les années 1990, Oran, deuxième ville d’Algérie, connaît une extension de sa périphérie suite à des opérations d’aménagement initiées par l’agence foncière, opérateur public chargé de la gestion et de la promotion du foncier et de l’immobilier urbains au profit des collectivités locales. Ce sont des lotissements ou des logements sociaux sommairement ou pas du tout aménagés et éloignés de la ville, qui ont accueilli une population aux revenus moyens, attirés par les faibles prix de cession et n’ayant d’autres possibilités de logements dans un contexte de crise économique et urbaine aiguës. Le changement de statut de l’agence foncière en 2003 faisant d’elle un établissement à caractère commercial et non un opérateur au service de la collectivité vient bouleverser la situation des habitants. Pour délivrer leurs actes de propriété, la nouvelle agence exige en effet l’actualisation des prix et le versement de sommes supplémentaires. Soumis à cette exigence et ne voyant aucune intervention de l’agence pour améliorer la viabilité de leurs quartiers, les habitants refusent de payer mais réclament toujours leurs actes pour sortir de la précarité et acquérir le droit officiel à la ville. À travers les exemples des quartiers de la cité El Wiam et de l’îlot 11 situés à la périphérie d’Oran, l’article analyse la manière dont les habitants se mobilisent pour faire face à l’agence foncière. Outre la création des comités de quartiers, ils multiplient les actions et usent de plusieurs formes de revendications allant de l’affrontement jusqu’au développement de compétences techniques, réglementaires et juridiques. |