Abstract |
Les représentations sociales de l’espace urbain font l’objet d’une interprétation et d’une réappropriation par les populations par-delà les dénominations officielles des autorités publiques. Cet article se donne pour objectif de rendre compte de la manière avec laquelle les espaces publics sont occupés, contestés et transformés par les « citadins » dans une perspective de subversion de la ville. Le discours sur les noms des rues et quartiers permet d’avoir accès à un ensemble de propos dont le sujet dépasse la matérialité de la ville. Saisir dans un contexte donné les systèmes de valeurs, les représentations, discours et symboles donne aux groupes populaires une conscience de leur identité et de leur force. Ces recompositions des ordres urbains prenant place dans la quotidienneté subvertissent les logiques gestionnaires et politiques. La ville n’est pas seulement une masse démographique ou un espace densément bâti ; elle correspond à des rapports spécifiques que « les citadins » entretiennent entre eux et avec leur espace de vie. La sémiotique populaire offre ainsi un regard sur les pratiques sociales et les effets de recomposition de la ville de Douala déterminant son ancrage ambivalent dans la modernité et dans la manière de lire l’action politique. |