Des crises ou changements socio-économiques peuvent provoquer diverses réponses démographiques. Dans ce travail nous nous focalisons sur les réponses migratoires et fécondes en nous interrogeant sur les modalités par lesquelles l’émigration internationale influence la transition de la fécondité dans des contextes de transition économique et politique. Deux études de cas illustrent ces phénomènes dans des contextes différents : la fécondité est non seulement plus faible en Albanie qu’au Tadjikistan, mais la stabilisation du phénomène migratoire ainsi que le niveau de développement économique y est aussi plus important.

Les combinaisons possibles entre les réponses démographiques sont d’abord décrites au niveau régional en Albanie. Des analyses intercensitaires montrent une complémentarité entre elles dans les régions rurales entre 1989 et 2001, la baisse de la fécondité étant la plus importante dans les contextes de forte émigration. Ensuite, les relations de causalité sont vérifiées auprès d’un échantillon de femmes interrogées par le Living Standard Measurement Survey (LSMS) en Albanie et au Tadjikistan. L’émigration d’un membre du ménage retarde et réduit la fécondité des femmes concernées dans les deux pays. Elle soutient ainsi la transition de la fécondité au niveau national. Les résultats indiquent un impact conjoint de la diffusion sociale de nouveaux comportements familiaux par les émigrés et d’une rupture du cycle reproductif des femmes au Tadjikistan, alors que la baisse de la fécondité semble davantage se produire par un impact économique en Albanie.