Type | Journal Article - Revue Africaine de Science Politique |
Title | Elections et Politique au Cameroun: Concurrence Deloyale, Coalitions de stabilite Hegemonique et Politique d'Affection |
Author(s) | |
Volume | 2 |
Issue | 1 |
Publication (Day/Month/Year) | 1997 |
Page numbers | 89-121 |
URL | http://pdfproc.lib.msu.edu/?file=/DMC/African Journals/pdfs/politicalscience/volume2n1/ajps002001006.pdf |
Abstract | Le passage des "elections sans choix" a resultats plebiscitaires aux elections competiti ves a transparence parfois contestee constitue une rupture paradigmatique dans la vie politique Camerounaise, dans la trajectoire politique post coloniale. La rupture ne doit pas etre absolutisee du fait de lacapacite d'adaptation conservatrice, de canalisation du flux du changement politique dont les elites dirigeantes Camerounaises ont fait montre (SINDJOUN, 1994a: 143-165 MBEMBE: 1993, 345-374). Toutefois, il est contestable de minimiser les mutations induites par la competition electorate fut-elle entachee d'irregularites (SCHATZBERG, 1993). C'est 1' illusion de la continuite politique. En effet, dans un systeme politique edifie et consolide par et dans le "monolithisme" (BAYART, 1985), le pluralisme fut-il imparfait constitue un nouveau paradigme politique produisant des effets de croyances, de representations et d'actions qui affectent celui-la en depit de Peventuelle stabilite des dirigeants. Autrement dit, c'est de maniere dynamique que la continuite politique doit etre pensee au Cameroun (BIGOMBE LOGO et MENTHONG, 1996; MONGA 1992). Par souci de vigilance et d'exigence, Achille MBEMBE ecrit: "Qu 'il s 'agisse de leurs fondements, des moyens et des fins de leur administration, Von peut difficilement affirmer que les regimes politiques d' Afrique sont desormais assis sur de nouvelles legitimites ...la democratic en Afrique reste par consequent, un horizon" (MBEMBE, 1996 : 46). Toutefois, il importe de ne pas negliger les dynamiques conflictuelles de construction de nouvelles problematiques politiques legitimes dans plusieurs Etats Africains (SINDJOUN, 1994 b: 151 -230, BRATTON et VAN DE WALLE, 1997). La competition electorale apparait comme une procedure de legitimation du pouvoir. Meme s'il arrive que la transparence soit contestee, il reste qu'elle tend a devenir un rituel politique dont la force ne peut pas etre negligee (ABELES, 1992; 35-55). Sur le plan de l'analyse, il faut prendre la competition electorale au serieux pour saisir les "dynamiques et contraintes." Elle renvoie a la mise en concurrence de plusieurs acteurs et entreprises politiques en vue de la conquete des trophies politiques tels que les postes de conseiller municipal, dedepute et de president de la Republique sui vant des regies "normatives et pragmatiqu.es."' Selon Michael BRATTON et M AM ADOU DIOUF sur les 42 Etats del' Afrique sub-saharienne, 31 ont organise des elections pluralistes entre 1990 et 1994 (BRATTON, 1995 : p. 7; DIOUF, 1995 : p. 6), Madeleine LASS et Pieter ESTERHUYSEN recensent 38 Etats africains devant organiser des elections competitives entre 1995 et 2000 (LASS et ESTERHUYSEN, 1995; 109). II s'agit moins de savoir si "les elections competitives sont suffisantes" (BRATTON, op cit) dans une perspective idealiste que de les analyser froidement afin d'avoir suivant l'expression de Bernard LACROIX, des "elements pour une discussion sociologique" (LACROIX, 1994 : 6). Comprendre les situations de competition electorale en evitant autant que possible la reference a une marque deposee, a un ideal cristallise par la doctrine juridique notamment (LACROIX, 1994 : 10), ne doit pas deboucher sur un relativisme absolu. Certes, la notion de "competition electorale juste, honnete et transparente" est produite par un travail politique et intellectuel de mise en forme, de definition d'un sens de la designation des dirigeants, mais il convient aussi de preciser que l'option pour "la competition electorale" semble emporter dans une certaine mesure adhesion a un code de legitimation. II est des lors important dans Ie cadre de la sociologie politique de l'experience de la competition electorale (DUBET, 1994) de montrer comment des logiques d'actions contradictoires vont etre mises en oeuvre par des acteurs pour definir et canaliser la "competition electorale." En d'autres termes, il ne s'agit pas d'aller de la "theorie de la competition electorale " a sa pratique camerounaise pour constater 1' harmonie ou le divorce sous le mode de la celebration ou de la denonciation (BARKAN 1993; KANTE 1994). II s'agit plutot de se situer dans le cadre de "I'historicite du politique" au Cameroun (BAYART, 1996 a) pour voir comment les acteurs gerent, organisent et instrumentalisent la competition Electorale. D'ou l'hypothese des multiples reinventions de la competition electorale en fonction des acteurs, des enjeux et des logiques d'action. Les crises qui en decoulent parfois ne doivent pas etre presentees sous la forme culturaliste des consequences de "/'exportation des modelespolitiques" (BADIE, 1992). Elles participent dans une large mesure de la dynamique dujeu politique, de la confrontation des interets divergents (BAY ART,1996 b; DOBRY, 1992). L'hypothesede la reinvention, de la reformulation n'est pas le masque relativiste derriere lequel se cache rautoritarisme. Elle aide a saisir la vie socio-politique de la competition electorale sans prejuges, ni prenotions et non a la reifier, a la naturaliser. D'ou le passage de la connaissance metaphysique de la competition electorale a sa connaissance positive, de la competition electorale normative ou ideale a la competition electorale concrete ou empirique. IL s'agit suivant une approche weberienne, de la considerer comme une activite politique determinant la validite de la domination legitime et dont le sens et la forme sont influences par une interaction inegale entre acteurs (WEBER, 1995 : 52-53; RAYNAUD, 1987 : 157-203). La competition electorale au Cameroun comme ailleurs ne se reduit pas a la magie du concept, elle resulte des luttes et des actions politiques dont 1' intelligence permet de comprendre sa forme; parce qu'elle constitue un paradigme politique, un "regime de verite", la competition electorale a des effets sur la dynamique politique globale. En d'autres termes, en meme temps que lacompetition electorale est produite par des acteurs politiques, elle influence ceux-ci en retour. Cette hypothese se verifie au Cameroun a partir de trois sites de competition electorale structures par le changement politique. II s'agit des elections legislatives et presidentielles de 1992, des elections municipales de Janvier 1996. La sociologie politique de l'experience Camerounaise de la competition electorale permet de faire ressortir d'une part la dynamique de structuration politique de celle-ci (I) et d'autre part les effets de transformation du systeme politique (II) |
» | Cameroon - Deuxième Recensement Général de la Population et de l'Habitat 1987 |