Un certain nombre de travaux économétriques ont mis en évidence le rôle de la santé dans le processus de développement (SACHS, 2001). Cependant, ils n’apportent pas tous les mêmes conclusions concernant l’ampleur de ce rôle. Face à ces difficultés, une façon de traiter le problème est de concevoir la santé comme une variable pouvant contribuer à entrer dans (ou à sortir de) ce qu’il est d’usage d’appeler, en économie du développement, une « trappe de pauvreté » ou un « piège de pauvreté » (voir par exemple SALA-I-MARTIN, 2005). Plusieurs travaux ont cherché à tester la pertinence de cette hypothèse dans un cadre macroéconomique, préférant alors l’expression de « piège de sous-développement » (BERTHÉLEMY, 2006) ou de « piège de développement humain » (MAYER-FOULKES, 2005). Ainsi, ce dernier auteur montre, à travers la distribution mondiale des conditions de santé, qu’une minorité significative de pays converge vers un niveau de santé médiocre. La thèse d’une trappe de sous-développement humain (ici due à la faiblesse du niveau de santé) est alors confortée.
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Malgré les avancées produites par les travaux évoqués ci-dessus, au moins trois difficultés importantes persistent en amont de la relation entre santé et développement. D’abord, se pose un problème préalable de mesure de la santé : comment estimer de façon satisfaisante un domaine qui relève à la fois de situations objectives (mortalité, espérance de vie, etc.) et de considérations plus subjectives (état de santé perçu) ? Ensuite, une difficulté technique se présente : les données disponibles sont souvent partielles et manquent de fiabilité. Enfin, un problème théorique porte sur les valeurs sous-jacentes au choix des indicateurs : approche utilitariste, approche en termes de besoins humains fondamentaux, etc.
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Notre objectif est de contribuer au travail de comparaison internationale des niveaux de santé en enrichissant les démarches en termes de trappe à sous-développement, grâce à l’apport des théories postwelfaristes du bien-être, en particulier l’analyse de SEN. Dans une première section (I), nous proposons le cadre théorique des seuils de santé, inspiré de l’approche par les capabilities complétée par une analyse en termes de trappe de sous-développement. Nous abordons également la question des indicateurs qui permettraient d’estimer des situations de seuils de santé. La deuxième section (II) propose des éléments d’opérationnalisation