Determinants de l'instabilite des prix alimentaires au Cameroun: Une analyse institutionnelle de resultats econometriques

Type Working Paper
Title Determinants de l'instabilite des prix alimentaires au Cameroun: Une analyse institutionnelle de resultats econometriques
Author(s)
Publication (Day/Month/Year) 2009
URL http://agritrop.cirad.fr/558786/1/document_558786.pdf
Abstract
Le choc politique créé par l’inflation rapide des prix internationaux des produits alimentaires
dans le prolongement de celui des matières premières – et particulièrement le prix de l’énergie
en 2007 – conduit la plupart des instances internationales et les États à multiplier les
initiatives politiques pour relancer la production agricole mondiale et trouver de nouveaux
mécanismes de régulation des marchés des produits alimentaires.
L’extension de cette crise aux secteurs bancaire et financier en 2009, et le reflux des prix
alimentaires, ont relégué au second plan les préoccupations politiques et notamment les
conditions de réalisation de la sécurité alimentaire mondiale. La plupart des grandes
déclarations et des engagements financiers en faveur de l’agriculture ont peu été suivis
d’effets. Pourtant, les causes structurelles qui ont conduit à la crise alimentaire de 2007 et aux
tensions sociales dans les pays les plus pauvres n’ont pas été endiguées.
Trois déterminants de ces causes structurelles peuvent être soulignés :
• La dérégulation des politiques publiques observée dans la plupart des pays et
faiblement relayée par les politiques régionales : elle se traduit par des instabilités
croissantes sur les marchés alimentaires, en liaison avec la globalisation des
entreprises et des mouvements de capitaux. Le choc de 2007 est le signe de cette
instabilité annoncée par certains économistes.

• La gouvernance des économies mondiales par le prix de l’énergie dont ceux des
énergies fossiles qui a des répercussions importantes dans le secteur agricole et agroalimentaire
en raison de son impact sur le prix des intrants et des équipements dans les
agricultures industrielles, et sur les coûts de transport.
• Les variables climatiques, en tant que déterminants de l’offre agricole, sont appelées à
être de plus en plus instables dans les décennies à venir. Les experts s’accordent à
penser que cette instabilité conjoncturelle risque de devenir structurelle dans les
conditions actuelles de régulation institutionnelle des marchés.
Au-delà de ces déterminants majeurs, la crise de 2008 a ouvert une controverse entre les
économistes qui sera brièvement rappelée dans le cadre introductif de cet atelier.
Un premier courant de pensée considère qu’il s’agit d’une crise de l’offre agricole qui
implique une politique de relance forte principalement dans les agricultures vivrières des pays
du sud. Cette relance de la production agricole est souvent envisagée à partir des modèles de
production agricole conventionnels dans la poursuite des trajectoires technologiques portées
par la révolution verte ou par l’agriculture industrielle des pays du nord. Derrière cette posture
un certain nombre d’auteurs ont « réactivé » des explications possibles sur les causes de
l’insuffisance de l’offre alimentaire mondiale. En premier lieu, la concurrence introduite par
les cultures industrielles énergétiques (notamment sur le maïs, le soja, l’huile de palme) est
aujourd’hui relancée pour ses effets sur la production alimentaire : la raréfaction des
disponibilités en terre. En deuxième lieu, la concurrence induite par les cultures d’exportation
(cacao, café, hévéa..) destinées à l’approvisionnement des marchés, qui n’est pas sans
conséquence pour les agricultures vivrières des pays du sud.
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Un second courant de pensée souligne que le choc de 2008, produit par des mouvements
spéculatifs boursiers sur le prix des matières alimentaires et par une conjoncture climatique
défavorable, ne traduirait pas ou peu des déséquilibres structurels de la production agricole,
mais renverrait plutôt à des questions sur les conditions d’accès des populations aux
ressources alimentaires. Ces conditions dépendent (i) de l’insuffisance des revenus des
populations, (ii) des contraintes logistiques d’approvisionnement (infrastructures routières..)
qui conduisent à des coûts de transferts trop importants et des approvisionnements instables.
Dans cette controverse quant aux risques d’une instabilité structurelle et ses conséquences
économiques, un élément de consensus souligne le besoin de nouvelles formes de régulation
des marchés agricoles et alimentaires.
L'instabilité des marchés a des conséquences négatives dans trois domaines au moins :
• Pour les producteurs : l’instabilité des prix à la production induit des incertitudes sur
les revenus anticipés. Ces incertitudes pèsent sur les opportunités d’investissements
productifs en faveur de changements technologiques. L’instabilité des prix à la
production apparaît donc comme un facteur limitant majeur des dynamiques
d’innovation nécessaires à la transformation des systèmes productifs.

• Pour les consommateurs : l’instabilité crée des situations d’insécurité alimentaire
temporaires. À certaines périodes de l’année, les populations pauvres n’ont plus accès
à des ressources alimentaires suffisantes. Il s’ensuit une précarisation des populations
les plus vulnérables, des protestations sociales, et une dégradation des indicateurs de
pauvreté. Cette instabilité peut aussi engendrer des pénuries de produits alimentaires
sur les marchés urbains. Selon la période, ces pénuries ont des répercussions politiques
importantes touchant même des populations aisées (en période de festivité collective,
le Gouvernement porte une attention particulière sur l’approvisionnement en vivriers
des fonctionnaires).

• Pour les équilibres budgétaires : ces instabilités se traduisent par la nécessité de
mesures d’accompagnement, parce qu’elles risquent de modifier les équilibres
budgétaires des États dans certaines situations. Ces instabilités sont pas conséquent de
plus en plus perçues comme des risques politiques majeurs par les pouvoirs publics
dans les pays du sud.
Peu de travaux sont conduits sur la compréhension des déterminants de l’instabilité et sur les
mesures de politiques publiques susceptibles de la réduire.
Eu regard aux conséquences de la flambée des prix des produits de base alimentaires sur les
marchés internationaux, ainsi qu’aux troubles et aux inquiétudes politiques dans les pays du
sud, une hypothèse forte c’est imposée sur la nature de la relation de causalité entre les
marchés internationaux et domestiques. Cette relation causale caractérise le développement
des outils de régulation des marchés efficaces, et l’adéquation de ces outils aux différentes
échelles d’intervention : marchés mondiaux, marches nationaux.
Pour mieux comprendre les mécanismes de cette instabilité, plusieurs structures de recherches
en économie ont initié des programmes de recherches. Ainsi, la présente synthèse a bénéficié
du soutien financier de la fondation Farm. Ce travail apporte un éclairage spécifique sur le cas
du Cameroun, pays qui, en Afrique central, joue un rôle-clé dans les équilibres alimentaires
régionaux de par sa situation géographique et sa position politique (Cemac), ainsi que par
l’importance de son agriculture dans à l’approvisionnement de la sous-région.

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