Abstract |
Parce que deux-tiers des Malgaches vivent dans la pauvreté, une réduction significative de ce taux exigera une croissance économique robuste et globale. Vu l’ampleur de la pauvreté à Madagascar, une politique purement redistributive ne sera pas suffisante. Mais on oublie souvent que l’inverse est également vrai. Sans réduction significative de la pauvreté, une croissance économique durable ne sera probablement pas possible à Madagascar. Ce sont les familles pauvres, sans terre propre, qui abattent les forêts et dégradent l’environnement dans la lutte à court terme qu’elles mènent pour survivre. Cependant, leurs actions déclenchent une érosion et une dégradation environnementales massives qui, à longue échéance, nuisent ainsi à la fertilité des sols et compromettent la croissance agricole à long terme. Ce sont les familles pauvres qui retirent leurs enfants de l’école pour les mettre au travail, afin de survivre à court terme, diminuant à long terme le stock de capital humain exigé par le pays pour la formation d’une main-d’œuvre qualifiée, souple et productive. C’est l’ampleur prise par le phénomène de paupérisation des familles par légions et l’inégalité croissante qui sont à l’origine des crimes de nécessité et les crimes de frustration et qui engendrent l’instabilité sociale et qui aggravent l’insécurité. Instabilité sociale et insécurité compromettent à leur tour la stabilité politique et la confiance sur lesquelles reposent l’investissement privé et la croissance économique. La croissance économique exigera la fertilité durable des terres, une main-d’œuvre nationale qualifiée et productive, un climat de sécurité et de stabilité politique afin d’attirer la confiance des investisseurs tant malgaches qu’étrangers. Afin de promouvoir une croissance économique durable, Madagascar doit réduire la pauvreté massive d’aujourd’hui qui compromet tous les éléments nécessaires à sa croissance économique. Une croissance durable au profit de tous les Malgaches devra donc passer par l’amélioration des conditions de vie des couches les plus désavantagées. En conséquence, tout le peuple malgache — les riches comme les pauvres — partage un intérêt commun en s’attaquant à l’ennemi commun qui est la pauvreté qui persiste en son sein. |