L'entree en sexualite a Rabat: les nouveaux "arrangements" entre les sexes

Type Journal Article - Population
Title L'entree en sexualite a Rabat: les nouveaux "arrangements" entre les sexes
Author(s)
Volume 68
Issue 1
Publication (Day/Month/Year) 2013
Page numbers 41-65
URL http://www.cairn.info/revue-population-2013-1-page-41.htm
Abstract
L’entrée dans la sexualité constitue un aspect essentiel du processus de socialisation des individus (Balandier, 1984 ; Courtois, 1998). Enjeu majeur du contrôle social, ses modalités renseignent sur la manière dont chaque société construit les identités sociales et sexuées des individus, laissant voir les différentes injonctions de comportement auxquelles sont soumis filles et garçons (Bozon, 2008).
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Des enquêtes représentatives récentes soulignent aujourd’hui, dans la plupart des sociétés, une plus grande précocité du premier rapport sexuel et sa dissociation, fait plus récent pour les jeunes filles, de l’entrée en union, par comparaison aux générations plus anciennes (Bozon, 2002 ; Wellings et al., 2006). Mais dans certaines régions du monde, il est encore difficile de prendre la mesure du phénomène. Dans le monde arabe notamment, demander à des hommes et à des femmes à quel âge ils ont eu leur premier rapport sexuel apparaît comme une interrogation inacceptable voire « immorale ». De ce fait, les enquêtes de type Enquête démographique et de santé (EDS) menées dans ces pays ne posent de questions sur leur vie sexuelle qu’aux femmes mariées (Bozon, 2003), et il n’existe pas de données officielles sur la sexualité hors union?[2][2] Dans l’enquête du Haut commissariat au plan (HCP) sur.... Pourtant, les résultats d’un certain nombre de recherches quantitatives ou qualitatives (Bajos et al., 1997 ; Ibaaquil, 2003 ; L’Économiste, 2006) récentes corroborent ceux de l’enquête ECAF?[3][3] Enquête européenne effectuée dans quatre pays africains :... dont est issu cet article.
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Au Maroc, malgré les normes strictes de chasteté imposées aux célibataires et l’importance attachée à la virginité féminine, il existe une sexualité prémaritale au début du xxie siècle. Certes, l’ordre social et religieux qui domine au Maroc repose toujours sur des valeurs telles que l’honneur et le prestige du groupe familial (Lacoste-Dujardin, 1985 ; Gadant, 1991). Il exige toujours la répression de la sexualité féminine prénuptiale, héritage d’un système matrimonial ayant comme fondement le mariage sans le consentement des personnes concernées, très souvent précoce?[4][4] Pour empêcher les mariages trop précoces des filles,... pour les filles (Bouhdiba, 1975 ; Chebel, 2002, 2004). Mais ce système s’est profondément modifié dans les dernières décennies, en raison des transformations majeures du fonctionnement de la société marocaine (Vermeren, 2009 ; TelQuel, 2009). Comme dans nombre de sociétés africaines, l’effet cumulé de la crise (qui rend plus difficile l’accès des hommes à un emploi leur permettant d’entretenir une famille) et de la généralisation de la scolarisation, notamment des jeunes filles, a entraîné un retard à l’âge au mariage, surtout dans les zones urbaines. L’âge moyen au premier mariage des femmes est passé de 17,5 ans en 1960 à 25,8 ans en 1994 puis à 26,2 ans en 2004. Il a continué à augmenter ensuite, surtout en milieu urbain, mais semble actuellement plafonner autour de 26 ans (HCP, 2012 ; Ouadah-Bedidi et al., 2012). Quant à celui des hommes, il est passé de 24,4 ans en 1960 ans à 30,2 ans en 1998, puis à 32,1 ans en 2004 (HCP, 2004) pour atteindre 31,4 ans en 2012 (HCP, 2012).

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