Type | Report |
Title | La lutte contre l’insécurité alimentaire au Mali. Dispositifs, discours, représentations et mises en scène |
Author(s) | |
Publication (Day/Month/Year) | 2008 |
URL | https://hal.archives-ouvertes.fr/ird-00522598/document#page=222 |
Abstract | La faim est-elle une fatalité ? L’insécurité alimentaire est-elle un domaine réservé aux experts ? On serait tenté de le croire face à la récurrence des situations de disette et de malnutrition dans les pays sahélo-soudaniens d’Afrique de l’Ouest. On serait également en droit de le penser étant donné la mise en scène médiatique et politique des crises alimentaires (l’année 2005 en constitue un bon exemple). De nombreuses avancées ont été enregistrées depuis les graves crises climatiques des années 1970 et 1980 dans les outils de diagnostic comme dans les méthodes de lutte. Les politiques publiques sont toutefois restées relativement discrètes, apparemment faute de moyens et de concertation, mais il convient d’envisager d’autres explications plus politiques… Aussi la lutte contre l’insécurité alimentaire est-elle devenue une composante majeure des actions d’urgence humanitaire. La compréhension et l'analyse de l'insécurité alimentaire se sont donc enrichies de multiples études, mais elles restent sectorielles, réductrices et dispersées : c'est pourquoi, aujourd’hui, les mesures simples et immédiates tendent à céder la place à l’analyse des dynamiques au long cours. Il n'en demeure pas moins vrai que ses causes, fondamentalement complexes, sont encore mal reliées les unes aux autres et mal hiérarchisées. Tous les acteurs impliqués parlent-ils encore de la même chose ? On peut légitimement poser la question étant donné la diversité des approches, la multiplication des intervenants et les confrontations auxquelles elles donnent lieu. La réduction de l’insécurité alimentaire dans les sociétés et les espaces à risque – caractérisés par l’ampleur des aléas bio-climatiques, la vulnérabilité des populations aux chocs extérieurs, la précarité des ressources et la fragilité de l’action publique – n’est donc pas pour demain. Rien n’est écrit pour autant. La fin du discrédit pesant sur l’État, l’implication croissante des sociétés civiles sont autant de ferments du changement dont il conviendra de tirer les leçons. Élargir l’horizon, en combinant les échelles temporelles et spatiales, en prenant en compte les interactions parfois négatives entre perception et décision, devrait également permettre d’améliorer la gouvernance globale du risque. Autant de points essentiels qui seront abordés dans ce rapport issu d’une recherche collective associant le CIRAD, l’IEDES (Université de Paris I) et l’IRD (UR 106 jusqu’à la fin de l’année 2007). S’il s’appuie sur un riche corpus d’entretiens réalisés entre 2005 et 2007 à Bamako auprès des représentants des divers acteurs concernés (institutions publiques, Organisations Solidarité Internationale, ONG, associations locales), il présente également l’originalité (par rapport aux études précédentes) de donner tout sa place aux témoignages, à la parole et au vécu des populations vulnérables (familles, individus) des quartiers populaires. De manière plus générale, il s’agit de montrer que l’insécurité alimentaire relève davantage d’une construction sociale et politique complexe, fondée sur une histoire longue, que d’une fatalité tenant aux caprices d’un environnement peu clément. En 2008, la crise globale d’accessibilité alimentaire qui frappe durement les pays pauvres – habituellement caractérisés par leur déficit vivrier et la faiblesse de leur marge de manœuvre agricole et monétaire -, ne peut que confirmer cette problématique qu’il était intéressant d’affiner à partir d’une étude systémique du cas malien. |
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