Abstract |
L’article analyse les différentes formes prises par le développement rural en Tunisie, depuis la colonisation jusqu’à nos jours. La première forme correspond à une politique de développement rural administré, caractérisée par une approche descendante visant dans un premier temps à assurer un minimum de revenus aux agriculteurs puis à développer les infrastructures et la recherche. A l’Indépendance cette approche perdure mais avec une plus grande prise en compte du chômage, touchant 4,5 % de la population active et ce malgré les tentatives de création d’un vaste système de coopératives de production agricole (chantiers de lutte contre le sous développement). Le retour au libéralisme de 1970 délaissera quelque peu le secteur agricole laissant les disparités villes-campagnes et entre zones rurales proprement dites s’accroître malgré l’expérimentation de Plans de Développement Rural. De 1986 à 1992 des Plans de Développement rural Intégrés au nombre de 190 verront le jour : ils tiennent compte de la complexité du développement, des rapports entre l’armature urbaine et le monde rural et relativisent la place de l’agriculture dans le développement des espaces ruraux. L’adhésion de la Tunisie au GATT en 1990, les accords avec l’OMC en 1994 et la création d’une Zone de Libre Echange avec l’UE en 1996 entérinent l’entrée de la Tunisie dans un processus relatif d’ouverture aux marchés mondiaux, introduisant davantage de concurrence entre les producteurs, d’où l’accent porté sur l’amélioration de la compétitivité des produits et sur l’environnement des producteurs, notamment pour le secteur des exportations. La montée en puissance du secteur des produits manufacturés restreint encore plus la place de l’agriculture dans le développement du pays. Les années 1990 verront également le cadre institutionnel se déconcentrer fortement, voire s’enrichir de nouvelles formes (Groupement de Développement Agricole par exemple). Le tout sera accompagné de Programmes de Développement Intégré de seconde génération (1992-2002) ajoutant aux objectifs précédents (productivité, compétitivité et revenus) la promotion de la femme rurale et l’amélioration des conditions de vie dans le monde rural avec une plus grande intégration entre les activités ainsi qu’une certaine participation des bénéficiaires à l’identification des actions de développement. Dans le cadre de la libéralisation de l’économie, l’intervention de l’Etat s’est concentrée davantage sur la gestion des ressources naturelles et de l’environnement avec un Agenda 21 National et une Commission Nationale de Développement Durable dont l’impact se traduit dans des projets tels que le Programme de Développement Agro-Pastoral du Sud Es t: l’approche participative y apparaît de plus en plus effective. Si la place de l ‘agriculture dans l’économie tunisienne a baissé, le nombre d ‘exploitations a augmenté, la taille moyenne ayant baissé et la pression sur les ressources naturelles s’accroissant. |