Abstract |
Aux Comores, 23,9 pour cent des enfants de 7-17 ans sont simultanément absents de l’école et du travail, tandis qu’à Madagascar l’incidence est de 14,3 pour cent pour ceux de 6-17 ans. L’étude analyse les déterminants de ce processus d’éviction, et produit deux conclusions. En premier lieu, une investigation descriptive évalue l’incidence « réelle » du groupe des enfants économiquement inactifs et non-scolarisés, c’est-à-dire celle qui pourrait prévaloir en l’absence de travail domestique, de recherche d’emploi et de maladie et/ou de blessure. Cette approche, admettant l’hypothèse de substitution parfaite entre les diverses allocations du temps, montre que l’impact potentiel de ces trois facteurs est faible. En effet, aux Comores, leur contribution réduit de 23,4 pour cent l’incidence du groupe considéré, tandis qu’à Madagascar, l’atténuation n’est que de 9,8 pour cent. Néanmoins, le poids des activités domestiques, exercées principalement par les filles de 15-17 ans, est susceptible d’avoir un impact non négligeable dans certaines zones. Par ailleurs, aux Comores, l’ampleur du groupe des enfants économiquement inactifs et ne fréquentant pas l’école n’a pas nécessairement un caractère chronique. En deuxième lieu, l’approche économétrique met en évidence plusieurs déterminants de l’« inactivité » des enfants. D’une part, les caractéristiques des enfants – âge, sexe, relation avec le chef de ménage, et état de santé –, des adultes et des ménages – éducation des parents, taille et composition démographique des familles, et migration des adultes –, l’intensité du travail rémunéré au sein des ménages, le mode de participation des adultes au marché du travail, et le capital social – notamment aux Comores –, ont un rôle significatif. D’autre part, l’interférence des revenus des ménages est réelle, bien que plus complexe à appréhender. L’approche standard relative aux Comores suggère une relation positive entre les revenus des ménages et l’exclusion des enfants à la fois du travail et de l’école. Mais, l’estimation économétrique en splines produit une relation en U renversé entre ces deux variables, qui évoque une courbe de Kuznets. De tels résultats peuvent complexifier les recommandations de politique économique, en particulier dans quelle mesure la réduction de l’« inactivité » des enfants peut favoriser plus l’école que le marché du travail.
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