Abstract |
Les pays d’Afrique subsaharienne élaborent aujourd’hui leurs politiques éducatives dans le contexte d’une « nouvelle » doxa internationale : les politiques de lutte contre la pauvreté. À partir du cas dakarois, l’article montre que les processus de décision et de suivi de ces politiques favorisent une recomposition des inégalités de pouvoir en défaveur de l’État et des groupes sociaux les plus faibles, dont les normes sont évincées au profit des cadres cognitifs des bailleurs de fonds et d’individus situés à des interfaces normatives. L’objectif de développement quantitatif rapide des taux de scolarisation conduit à un déplacement des inégalités au sein du système scolaire. Dans ce contexte, si certains ménages adoptent les normes internationales qui pensent l’école comme un simple facteur économique, d’autres reconsidèrent conjointement le rôle économique et social de l’école et militent en faveur de l’enseignement arabo-musulman. L’article révèle comment la volonté d’uniformiser le rapport à l’éducation dans un impératif scolaire spécifique peut paradoxalement induire un éclatement des normes éducatives dans des pôles urbains comme Dakar. |